Dans cet article, nous aborderons le sujet de l’obésité chez les jeunes. Mais tout d’abord, il est important de bien comprendre ce que nous entendons par obésité ?
I- L’obésité : qu’est-ce que c’est ?
a. Définition de l’obésité
Lorsque nous parlons d’obésité, nous parlons en réalité d’une maladie. De manière identique à la notion d’obésité chez l’adulte, celle de l’enfant et de l’adolescent est caractérisée par un excès de masse grasse corporelle : c’est-à-dire que l’enfant ou l’adolescent présente une accumulation anormale ou excessive de graisses dans son corps ou plus précisément dans ses tissus adipeux. À l’inverse de la masse grasse, la masse maigre représente le poids des muscles, des viscères et des os. Elle se définit et, surtout, se mesure par l’indice de masse corporelle (IMC).
Mais qu’est-ce que l’IMC ? Il s’agit d’une formule mathématique divisant le poids de la personne (en kilogrammes) par sa taille (en mètres) au carré.
Le résultat obtenu indique ensuite l’état de la personne grâce à des courbes de corpulence dépendant de l’âge et du sexe. Elles sont présentes notamment dans nos carnets de santé.
Nous pouvons alors nous situer :
- dans la zone d’insuffisance pondérale,
- dans la zone de corpulence normale,
- dans la zone de surpoids (comprenant l’obésité).
Les enfants / adolescents en obésité se trouvent dans les 5% supérieurs de la tranche correspondant à leur âge et leur sexe. Cela traduit un IMC supérieur à 95% de leurs semblables. Un enfant est considéré comme étant en surpoids dès lors que la valeur de son IMC dépasse le seuil du 97 e percentile (partie supérieure de la courbe de corpulence). L’obésité est constatée si le résultat se trouve bien au-delà du 97 e percentile de la courbe (au-dessus de la ligne IOTF 30 correspondant à un IMC de 30 à 18 ans). Il convient de finir cette partie sur une mise en garde : un enfant obèse ne devient pas forcément un adulte obèse, mais un risque important existe (du moins plus important que pour un enfant non obèse). À titre d’exemple, un enfant de 7 ans de poids normal a un risque de 10% d’être obèse plus tard tandis qu’un enfant de 7 ans en surpoids a un risque de 40%.
b. Parlons chiffres : l’obésité, ça donne quoi en France ?
De manière historique, le taux d’enfants en surpoids ou obèses est passé de 3 % en 1965 à 5 % en 1980, 12 % en 1996 puis 16 % en 2000. Au fur et à mesure des années, le taux d’obésité chez les jeunes ne fait qu’augmenter. Cette maladie serait deux fois plus fréquente chez les adolescents qu’il y a 30 ans. Elle a donc doublé en deux décennies : aujourd’hui, 7 millions de Français sont obèses et en particulier dans les milieux les moins favorisés. Ces données traduisent une réalité à ne pas prendre à la légère. Ce type de maladie concerne des millions de personnes et peut entraîner des problèmes de santé non négligeables.
Si nous comparons ces données à celle des autres pays, les données internationales collectées par l’ASO (International association for the Study of Obesity) montrent que 15% des enfants sont en surpoids ou obèses en France (17% selon l’étude ESTEBAN 2014- 2016), comparé à 23% des garçons et 21% des filles en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cependant, les choses ne vont pas en s’améliorant puisque le nombre d’enfants obèses âgés de 4 ans est passé de 2,8 % à 4,6 % entre 2018-2019 et 2020-2021. Sur la même période, la proportion d’enfants en surpoids est passée de 8,6 % à 11,2 % : les filles semblent davantage touchées que les garçons. Les habitants des zones REP (Réseau d’éducation prioritaire) et REP+ sont également plus concernés par l’obésité.
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II- Les facteurs de risques de l’obésité chez les jeunes
Plusieurs facteurs de risques peuvent être à l’origine de la survenue d’une obésité chez les jeunes. Il est alors fréquent d’identifier les facteurs suivants comme responsable d’une obésité ou d’un surpoids :
a. Un déséquilibre entre les apports alimentaires et la dépense énergétique de l’enfant
Ce déséquilibre s’explique par le fait qu’un jeune peut avoir un apport calorique supérieur (une alimentation trop importante) à son activité physique et donc à sa dépense énergétique. Cela traduit alors un bilan énergétique positif entraînant une augmentation du poids. Le bilan énergétique positif est notamment lié au fait que les activités des jeunes ne s’orientent plus tellement vers les activités physiques et sportives, mais davantage vers des activités de plus en plus sédentaires : les jeux vidéos, la télévision, le téléphone… Au cours de ces activités, les enfants ne bougent pas, ne dépensent pas d’énergie et ont souvent tendance à grignoter des aliments gras et / ou sucrés. Ainsi, elles entraînent une augmentation de la graisse favorisant le surpoids. De surcroit, de récentes études ont mis en avant que cette baisse d’activité chez les jeunes concernerait davantage les filles que les garçons : en France, 81 % des garçons et seulement 67 % des filles déclarent pratiquer un sport.
b. Des facteurs génétiques
De façon plutôt rare, l’obésité d’un enfant peut être liée à une maladie génétique ou endocrinienne, mais alors, d’autres symptômes entrent en cause et le médecin peut diagnostiquer cette maladie. De plus, le fait de posséder une prédisposition familiale constitue un paramètre pouvant favoriser la maladie. La preuve est qu’un enfant a deux à huit fois plus de risques d’être obèse si des membres de sa famille le sont eux même.
c. L’alimentation
Avoir une alimentation déséquilibrée constitue aussi un facteur de risque à l’obésité. Une alimentation déséquilibrée est caractérisée par une base d’aliments riches en gras, sel et sucre. La facilité d’accès de ces aliments (sucreries, sodas, biscuits apéritifs, chips, frites …) ainsi que la publicité réalisée sur ces derniers influencent fortement les comportements alimentaires et envies des enfants, mais pas seulement puisque leurs proches sont aussi exposés. Les troubles du comportement alimentaire peuvent aussi caractériser un risque d’obésité chez les jeunes. Ce facteur, davantage vrai chez les adolescents, met en avant l’hyperphagie boulimique par exemple qui conduit à un surpoids, voire à une obésité.
d. Une insuffisance de sommeil
Le manque d’activité physique peut avoir des répercussions sur le sommeil. En général, ce manque peut être responsable d’un sommeil de mauvaise qualité, voire de troubles du sommeil. Certaines études, de l’assurance maladie, ont démontré que les risques de surpoids semblent accrus chez les enfants ne dormant pas assez. Dans ce cas, l’organisme de ces enfants produit alors moins d’hormones régulant l’appétit, ces dernières étant fabriquées la nuit pendant le sommeil de l’enfant.
En somme, plusieurs facteurs de risques sont à l’origine de la survenue de l’obésité chez les enfants et adolescents. Il est important de comprendre ces facteurs et leur origine afin de pouvoir agir au plus vite sur la situation. Sans action sur ces facteurs de risques ou sur une obésité avérée, les conséquences sur la santé peuvent être importantes : des risques cardio-vasculaires, de l’hypertension artérielle, des cancers ou encore du diabète peuvent survenir.
III- La prévention de l’obésité chez les jeunes
L’obésité est une maladie qui impacte de plus en plus la population mondiale, mais surtout, elle impacte de plus en plus les enfants. Dans ces conditions, le surpoids doit être pris en charge le plus vite possible et une prévention accrue doit être réalisée pour pallier cette maladie trop fréquente. La prévention de l’obésité inclut le suivi régulier des courbes de corpulence et le rôle de l’adulte et des parents est plus qu’important. Ces derniers doivent pouvoir proposer des initiatives originales et ludiques. Pour ce faire, nous vous partageons quelques conseils pour prévenir le risque d’obésité.
a. L’activité physique
Elle permet de dépenser l’énergie absorbée. Pour prévenir le risque de surpoids ou d’obésité, il faut dépenser davantage d’énergie que celle consommée ; autrement, nous grossissons. Pour les enfants déjà en situation d’obésité, il existe des activités physiques compatibles et tout aussi valorisantes : l’arbitrage ou encore les sports de glisse, aquatiques ou équestres sont des activités pour lesquelles le poids est moins gênant. Pour préserver leur santé, il est recommandé que les enfants et adolescents soient actifs au moins 1h par jour. Certains comportements sont simples à adopter pour mettre ce conseil en pratique :
- favoriser les déplacements à pied,
- utiliser les escaliers plutôt que l’ascenseur,
- encourager votre enfant à sortir s’aérer (dans le jardin)
- proposer de promener le chien régulièrement si vous en avez un.
Ces actions permettent de limiter la sédentarité et d’encourager l’activité physique dans la vie quotidienne.
b. Une alimentation adaptée, variée et équilibrée
Porter une attention particulière à l’apport alimentaire que nous donnons aux jeunes constitue une mesure préventive importante. En tant qu’adulte, il nous incombe de surveiller l’alimentation des enfants / adolescents. En effet, le rôle des parents est primordial. Ainsi, il est recommandé de proposer trois repas par jour (un le matin, un le midi et un le soir) adaptés aux besoins physiologiques de l’enfant ou de l’adolescent. De même, il est primordial de faire attention aux aliments achetés. Évitez les produits transformés, les produits riches en sucres, en matières grasses et avec un apport calorique important. À la place, privilégiez les aliments faibles en calories, mais nutritifs ainsi que les repas “faits maison”. Aussi, assurez-vous que l’enfant ou l’adolescent ait assez mangé lors de ses repas quotidiens afin de limiter l’envie de grignoter entre les repas.
D’autres astuces existent :
- privilégier les fruits au goûter plutôt que les gâteaux,
- inciter la prise de temps pour manger : le cerveau met du temps à enregistrer l’apport de nourriture, lorsque l’on mange trop vite, le signal de satiété survient une fois le repas terminé, même si, en fin de compte, on a trop mangé. De ce fait, il est également recommandé de ne pas manger devant un écran afin de ne pas concentrer le cerveau sur autre chose que la nourriture.
En somme, pour prévenir l’obésité chez les jeunes, l’essentiel est d’éveiller chez eux l’envie de bien s’alimenter plutôt que de les forcer à manger équilibré. Il faut dissocier l’alimentation du poids.
c. Des habitudes de vie favorables à la santé
Comme dit plus haut dans cet article, les jeunes de nos jours privilégient les activités sédentaires aux activités physiques. Il est donc important de limiter le temps passé devant les écrans. Notons aussi que la télévision n’est pas adaptée aux enfants de moins de trois ans : ces derniers se développent davantage dans l’interaction avec leur entourage. Ainsi, leur permettre d’avoir des habitudes de vie comprenant une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, une absence de grignotage ainsi qu’un temps limité passé devant les écrans leur permettrait de prévenir les risques d’obésité.
En conclusion, il ne faut en aucun cas faire suivre à un jeune un régime alimentaire. Le contrôle du poids passe uniquement par son éducation nutritionnelle, une alimentation adaptée et équilibrée ainsi qu’une activité physique régulière et éventuellement, un suivi psychologique. L’obésité est une maladie multifactorielle; il est nécessaire de la traiter de manière différente en fonction des causes liées qui sont donc, elles-mêmes, très différentes d’un enfant à l’autre.
Sources :