Les troubles musculo-squelettiques ou encore TMS sont des maladies multifactorielles directement liées à l’activité professionnelle. Étant responsable de nombreuses incapacités, celles-ci peuvent être évitées ou du moins limitées grâce à de la prévention et l’amélioration de la qualité de vie au travail.
Que sont les troubles musculo-squelettiques ?
Les troubles musculo-squelettiques, plus communément appelés TMS, sont reconnus comme une maladie professionnelle. Ces pathologies comprennent un ensemble de maladies localisées aux articulations et touchant particulièrement les muscles, les articulations, les ligaments, les tendons, les vaisseaux sanguins et les nerfs. Ils s’expriment par de la douleur mais sont aussi caractérisés par des raideurs, de la maladresse ou de la perte de force. En général, ces symptômes arrivent progressivement, ils peuvent tout de même devenir chroniques et persister au repos et durant une activité physique. Quel que soit leur localisation, les TMS peuvent devenir irréversibles et entraîner un handicap durable sur le long terme. Tendinopathie, syndrome du canal carpien au poignet, épicondylite au coude, hygroma du genou en sont quelques exemples. Avant que ces maladies ne s’installent durablement, elles doivent plus que possible être prévenues, diagnostiquées et prises en charge précocement.
Les facteurs de risques
Les conditions de travail
Les troubles musculo-squelettiques sont le résultat des conditions de travail et plus particulièrement du poste de travail du salarié, des activités quotidiennes réalisées, de son environnement, de l’organisation et du climat social de l’entreprise dans laquelle il travaille. Ces dernières années, l’augmentation des TMS dans la population active s’explique notamment par l’accroissement des contraintes de productivité et l’intensification des activités des employés. Certains éléments individuels entrent aussi en jeu et peuvent accentuer le risque de troubles musculo-squelettiques. Les facteurs individuels font référence à l’âge, au stress mais aussi aux antécédents médicaux par exemple.
Les troubles musculo-squelettiques arrivent plus fréquemment dans certains emplois, comme celui d’infirmier travaillant dans des hôpitaux, ou encore au CHU. Ces métiers de service à la personne demandent beaucoup d’investissement physique et d’utilisation des articulations comme le cou, les épaules ou encore des muscles… qui ne sont pas sans conséquences.
Les symptômes des TMS apparaissent lorsque le salarié va au-delà de ses capacités physiques et ne récupère pas suffisamment, puis des douleurs. En effet, lorsque la fatigue dépasse la capacité de récupération, l’organisme développe un déséquilibre musculo-squelettique, qui, si la situation persiste, peut aboutir à l’apparition d’un TMS. Un trouble musculo-squelettique aura pour conséquence de sur-solliciter les tissus mous situés au niveau des articulations comme par exemple, le cou, les épaules, les genoux…
Les facteurs de risques
Les troubles musculo-squelettiques font partie des maladies professionnelles qui peuvent apparaître plus fréquemment chez le personnel travaillant à l’hôpital ; notamment les infirmiers, qui sont en première ligne.
Lorsque le salarié est exposé à une combinaison de facteurs de risques, il peut être confronté à des douleurs appelées troubles musculosquelettiques. On en distingue alors plusieurs familles :
○ Biomécaniques : ils regroupent la forte répétitivité des gestes, les efforts intenses, la précision des gestes, la posture, mais aussi la durée de l’activité physique.
○ Environnementaux : les TMS peuvent apparaître à la suite de pressions mécaniques provenant du contact du corps avec des objets extérieurs, de chocs ou du froid.
○ Organisationnels : les contraintes de temps, le manque de contrôle, le manque de pauses, l’alternance entre les tâches et la durée de travail importante sont aussi des facteurs de risques des TMS.
○ Psychosociaux : le manque de participation aux décisions, le manque de reconnaissance, l’insécurité de l’emploi et les relations interpersonnelles dégradées sont sources de stress et d’anxiété chez un salarié, ce qui amplifie le risque d’apparition de TMS.
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Les obligations de l’employeur
La législation encadre la protection de la santé des salariés en matière de santé et sécurité au travail. Nous vous disons tout sur les obligations de l’employeur en matière de prévention des risques de TMS.
Ce que dit la loi
Dans le but de garantir à chaque salarié la protection de leur santé, notamment contre l’apparition des TMS, les employeurs doivent se référer à plusieurs textes de loi.
Tout d’abord, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires selon les articles L 4121-1 à -5 du code du travail. Aux termes de l’article L 4121-1, l’employeur doit mettre en place des actions sur des risques professionnels, des actions d’information et de formation et instaurer une organisation et des moyens adaptés. Pour cela, il peut organiser une session formation avec Tricky sur les troubles musculosquelettiques.
L’employeur a une obligation de résultat et non uniquement de moyens. Il doit veiller à l’adaptation de ces mesures pour obtenir un changement des circonstances et une amélioration des situations existantes. En d’autres termes, la mise en conformité ne suffit pas, il est impératif de parvenir à l’effet escompté.
Les 9 principes de prévention
Pour mettre en œuvre les actions de prévention prévues dans l’article L 4121-1, l’employeur doit se fonder sur les 9 principes généraux suivants :
1 – Éviter les risques
En amont d’une prise de décision modifiant de manière significative le contenu ou l’organisation, l’employeur doit réfléchir aux risques professionnels qu’elle peut engendrer, y compris les problèmes liés aux TMS.
2 – Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités
Les caractéristiques de l’organisation du travail doivent être identifiées et évaluées afin de préserver de bonnes conditions pour les salariés et ainsi prévenir l’apparition de troubles musculo-squelettiques.
3 – Combattre les risques à la source
L’employeur doit être en mesure de faire une recherche des causes et les facteurs des TMS pour les supprimer ou, à défaut, les réduire.
4 – Revoir l’ergonomie des postes de travail
C’est à l’employeur de fournir, aux salariés, un cadre de travail compatible avec leurs capacités tout en prenant en compte leurs caractéristiques individuelles.
5 – Tenir compte de l’état d’évolution de la technique au niveau des machines (afin de limiter la fatigue et les contraintes physiques et psychiques) ou encore du poste de travail du travailleur (pour qu’il soit ergonomique).
6 – Limiter la dangerosité du travail en menant des actions collectives et individuelles
Certains métiers peuvent avoir des conséquences dangereuses et requièrent des compétences et des aptitudes spécifiques. Cependant, d’après le code du travail, il en va de la responsabilité de l’employeur de “remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux”.
7 – Mettre en place des actions de prévention
L’employeur a pour obligation de planifier des actions en tenant compte de différents facteurs tels que la technique, l’organisation, les conditions de travail, les relations sociales, les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel ( articles L. 1152-1 et L. 1153-1) et les risques liés aux agissements sexistes (article L. 1142-2-1).
8 – Prendre des mesures de protection collective
La protection collective des conditions de travail est un préalable indispensable à la mise en place des protections individuelles qui doivent être réservées aux risques résiduels.
9 – Clarifier les instructions données aux travailleurs
Après avoir identifié et évalué les troubles musculo-squelettiques au travail, l’employeur doit lancer des actions, notamment de prévention des risques de TMS.
Le document unique de prévention des risques
L’employeur doit mettre en place un inventaire des risques à travers un document unique d’évaluation des risques (DUER). La mise en place de ce document est obligatoire depuis le 5 novembre 2001. Dans ce document, il doit inscrire le résultat de l’évaluation par unité de travail. Le recensement de ces facteurs permet alors d’exploiter par la suite, avec les travailleurs, les caractéristiques de l’organisation de leur travail. Ce document est obligatoire dès l’embauche du premier salarié et il doit être mis à jour une fois par an. Cette mise à jour est l’occasion d’évaluer l’efficacité des actions menées, de les ajuster et de les compléter.
La prévention des risques TMS
Après avoir pris connaissances de tous ces éléments, vous souhaitez mettre en place une démarche de prévention des troubles musculo-squelettiques ? Ne bougez pas, nous vous donnons nos conseils pour commencer !
L’état des lieux
La première étape est de faire un état des lieux pour prendre connaissance de la situation de l’entreprise. Pour cela, nous vous partageons quelques actions faciles à mettre en place :
○ Échanger avec les salariés pour identifier les contraintes biomécaniques, psychosociales ou encore liées à l’organisation.
○ Observer la gestuelle et la posture des salariés en activité
○ Analyser les chiffres de l’entreprise (turn-over, arrêts maladie…)
○ Effectuer des mesures sur l’environnement du travailleur (éclairage, volume sonore…)
○ Échanger avec le médecin du travail
○ Échanger avec les délégués du personnel
La démarche de prévention des TMS
Comme vous l’aurez compris, l’employeur peut agir directement sur les TMS par des actions concrètes améliorant, au passage, la qualité de vie de ces salariés.
Au niveau technique, l’utilisation d’outils d’aide à la manutention permet d’améliorer considérablement l’ergonomie des postes de travail en réduisant les efforts, les postures contraignantes et les contraintes articulaires.
Au niveau organisationnel, alterner les tâches, gérer le rythme des tâches, utiliser des équipements de protection individuelle, instaurer des micro-pauses pour récupérer, améliorer l’ambiance (éclairage, chaud, froid) sont des actions simples à mettre en place pour lutter contre l’apparition des troubles musculo-squelettiques au travail.
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