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Décryptage : les Troubles Musculo-Squelettiques chez les soignants en EHPAD

18 Août, 2023

L’environnement exigeant et les tâches physiquement éprouvantes au sein des EHPAD font des troubles musculo-squelettiques (TMS) une préoccupation majeure pour les soignants qui y travaillent. 

Les TMS, qui englobent un éventail de problèmes affectant les muscles, les tendons, les ligaments et les articulations, peuvent résulter des mouvements répétitifs, des postures contraignantes et du levage fréquent, entre autres facteurs. 

Les soignants en EHPAD, en fournissant des soins essentiels aux résidents et en répondant à leurs besoins complexes, sont souvent exposés à des risques élevés de TMS. En effet, 94% des maladies professionnelles reconnues au sein des EHPADs sont liées aux TMS et 60% des arrêts sont en lien avec le mal de dos. 

Alors que savons-nous sur la situation des soignants en EHPADs face aux troubles musculo-squelettiques ? Nous analysons pour vous les données que  nous avons récoltées lors de nos formations sur la thématique. 

I- Comment les TMS sont perçus par vos soignants ? 

A. Les connaissances liées aux TMS 

Les données que nous avons récoltées démontrent que plus l’exposition des personnes aux Troubles Musculo-Squelettiques est importante, moins ils s’estiment expert sur le sujet. 

En effet, les soignants ne se sentent pas bien outillés pour faire face aux TMS. Plusieurs d’entre eux nous confient que l’absence de formation entraîne de mauvais gestes qui deviennent des habitudes. 

Pour remédier à cette problématique, l’information est la clé. Il est primordial d’informer et de former les soignants à ce que sont les TMS, leurs facteurs d’apparition et aux bons gestes à adopter. Dans ce cas, vous améliorez les connaissances et les représentations sur les TMS.  

🧰 Bien informer et sensibiliser vos soignants sur ce que sont les TMS et comment les éviter est un premier facteur de protection, mais pas l’unique. 

B. Les facteurs de risque dans l’apparition des TMS 

Les facteurs de risques des TMS sont nombreux et divers. Parmi les messages de prévention adressés durant nos formations, les facteurs d’apparition des TMS selon vos soignants sont : 

  • l’association entre la situation médicale du patient et l’aide technique adaptée, 
  • la transmission des informations médicales du résident. 

41.9% des soignants identifient l’association entre la situation médicale du patient et l’aide technique adaptée comme étant le facteur de risque le plus important dans l’apparition de TMS. En effet, cette notion d’analyse de l’état de santé du résident permet au soignant d’adapter son soin à ses besoins. Une mauvaise analyse peut conduire à l’utilisation, ou non, d’un dispositif inadapté pouvant rendre la manipulation difficile et dangereuse, à la fois pour le soignant et le résident. 

🧰 Prioriser la compréhension de l’inadéquation entre le dispositif de transfert et la situation médicale.

La transmission des informations médicales du résident est pour 26.9% des soignants le facteur le plus important dans l’apparition de TMS. Connaître le résident, son état de santé et ses besoins permet au soignant d’anticiper la tâche qui l’attend, d’avoir le matériel nécessaire à disposition et de réaliser sa tâche dans les meilleures conditions. Si la  transmission des informations médicales n’est pas bonne, le soignant aura seulement des informations partielles sur l’état de santé du résident. Ces transmissions permettent l’actualisation de l’état de santé du résident et l’adaptation de ses soins. 

🧰 Ritualiser la transmission de l’information, comme à votre habitude, et insister sur les éventuelles modifications de l’état de santé du patient permet  d’adapter les soins et d’éviter les possibles risques de TMS de vos soignants.

Découvrez la formation Troubles musculo-squelettiques au travail


II- TMS et méthodes de transfert 

A. Méthode de transfert manuelle VS mécanique : les a priori sur le confort du résident 

Plus de 24% des aides soignants pensent que le transfert manuel est plus agréable pour le résident que la méthode mécanique. 

Dans ce contexte, le soignant ne voit aucun intérêt à utiliser un équipement mécanique.  “Les résidents ne sont pas toujours rassurés quand on utilise du matériel”, “j’ai peur de faire mal à mes patients” ou encore “on déshumanise la profession” a-t-on pu entendre lors des temps de verbalisation avec les soignants. Or, il n’y a rien de plus viral que la peur. 

Pourtant, une méthode mécanique, lorsqu’elle est adaptée à l’état de santé du résident et à ses besoins, va permettre de réaliser un transfert en sécurité avec un accompagnement optimal dans l’exercice des mouvements du résident. Contrairement à ce que les soignants pourraient penser, un transfert assisté par un outil permet tout autant de préserver un contact privilégié et une présence auprès du résident. Alors qu’une méthode manuelle, qui est réalisée malgré les besoins de matériel du résident, peut s’avérer douloureuse pour le résident, qui peut être impacté par les pressions effectuées par le soignant sur son corps. Il est normal que les résidents soient réticents face à l’utilisation de dispositifs, surtout quand ils n’en n’ont pas l’habitude. 

Ceci dit, les méthodes mécaniques permettent surtout de préserver le corps des soignants d’une charge physique importante et d’améliorer leur confort de travail. Tout le monde est gagnant, résident et soignant, à l’utilisation d’une méthode mécanique ! 

🧰 Une des clés de réussite de la bonne utilisation du dispositif de transfert est de rassurer le résident. Cette réassurance se fera notamment par le biais de la présentation du matériel utilisé et des gestes. Votre soignant doit être convaincu des gains de soutien et de confort que le dispositif apportera aux patients. 

B. Méthode de transfert manuelle VS mécanique : les a priori des soignants sur la rapidité

Plus de la moitié des soignants (58%) pensent qu’il est plus rapide d’utiliser la méthode manuelle que la méthode mécanique pour réaliser un transfert de résident.  

Alors que le temps est une ressource rare dans l’agenda de vos soignants, il est utopique de penser qu’ils vont utiliser la méthode mécanique s’ils le perçoivent comme mois rapide que la méthode manuelle. 

Les soignants nous confient lors du temps de verbalisation qu’ils trouvent la méthode mécanique plus simple, plus intuitive, plus naturelle et plus fonctionnelle. En plus, avec cette méthode, “pas besoin de se préoccuper de chercher et ranger le matériel après”. 

🧰 Plus un soignant aura l’habitude d’utiliser un outil, plus il sera rapide et efficace dans ses transferts. Une façon simple de leur faire prendre conscience de ce constat est de monitorer le temps d’exécution. La différence de temps entre les deux méthodes est significative. Le patient devient, lui aussi, plus aguerrie sur l’utilisation de l’outil. Ce dernier monte en compétence et patient et résident forment un duo dans la réalisation du transfert. 


III. En bref… 

Vous avez déjà équipé votre établissement de dispositifs de transfert mécaniques ? C’est une étape nécessaire et préalable. Mais sauriez-vous dire s’ils sont utilisés ou de la bonne manière ?  

Il est primordial de porter un regard critique sur l’utilisation d’un dispositif de transfert pour la mobilisation de vos patients. En effet, une sous utilisation de ces dispositifs constitue un risque pour le soignant et pour le patient. Mais n’oublions pas qu’une sur-utilisation de ces dispositifs pour des patients n’ayant pas besoin d’aide technique, est un facteur de grabatisation. Solliciter des patients musculairement doit être aussi important que de protéger ces derniers lors d’une mobilisation. 

Nous pouvons conclure, sur les milliers de soignants pour lesquels nous avons eu la chance d’accompagner et de faire évoluer vers les bonnes pratiques, qu’avant même de vouloir réduire les TMS, il est crucial de modifier leur perception des risques. Cette modification des perceptions passe avant tout par une déconstruction des croyances autour des méthodes de transfert de résidents manuelle et mécanique. 

En formant vos soignants sur les TMS et aux bons gestes, évitez à votre structure 60 jours de travail perdus par an suite aux arrêts maladies liés à ces pathologies. 

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