D’après une étude publiée par Malakoff Humanis en septembre 2022, les troubles psychologiques sont le deuxième motif d’arrêt maladie des salariés français et même la première cause des arrêts longs. Également, 59% des managers et 52% des jeunes employés se déclarent épuisé.
L’épuisement professionnel est un problème de plus en plus répandu dans le monde du travail moderne. Il résulte de la rencontre entre un individu et une situation de travail dégradée, où les exigences professionnelles dépassent les ressources et la capacité à faire face dans la vie professionnelle du travailleur. Cette problématique a été amplifiée par la pandémie qui a entraîné une augmentation des facteurs de stress au travail.
I- Les 3 formes d’épuisement professionnel : burn-out, bore-out, brown-out
3 formes d’épuisement professionnel existent.
A. Le burn-out
Selon le baromètre T10 réalisé en juin 2022, 34% des salariés hexagonaux se déclarent en burn-out et 13% en burn-out sévère, soit trois fois plus qu’avant la pandémie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne reconnaît pas le burn-out comme une maladie, mais le définit comme un « syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès ». Ce syndrome se caractérise par les éléments suivants :
- Un sentiment d’épuisement physique et émotionnel.
- Une diminution de l’engagement au travail, accompagnée de négativité ou de cynisme liés à celui-ci. Autrement dit, une dépersonnalisation.
- Une baisse d’efficacité professionnelle.
À la différence de la dépression, le burn-out est un état passager entièrement lié au travail. En principe, la personne qui fait un burn-out se sent mieux lorsqu’elle n’est pas dans l’entreprise. Tandis que la personne qui fait une dépression se trouve dans un état psychologique qui peut être chronique et qui n’est pas totalement lié au travail, mais peut toucher à l’aspect personnel également. Les deux maladies demandent d’importantes ressources pour en sortir. C’est pourquoi, il est important de faire de la prévention des risques et de savoir repérer les signes de l’épuisement professionnel pour protéger la santé des professionnels.
B. Le Bore-out
Selon une étude menée par l’agence d’intérim Qapa auprès de 4,5 millions de candidats en 2022, 71 % des professionnels hexagonaux considèrent que leur travail est ennuyeux, et 56 % vivent très mal cette situation.
Le bore-out, également connu sous le nom de syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, se traduit par un profond mal-être et une fatigue extrême chez le salarié qui en est affecté. Cependant, contrairement au burn-out,
l’origine du bore-out diffère. Comme son nom l’indique (« boredom » signifiant «ennui » en anglais), le bore-out résulte non pas d’un surmenage lié à une surcharge de travail, mais d’un ennui chronique causé par le sous-emploi des compétences et des capacités intellectuelles du collaborateur.
C. Le brown-out
Le brown-out est, quant à lui, lié à une profonde perte de sens dans la vie professionnelle de l’individu. Selon l’anthropologue David Graeber, auteur du best-seller Bullshit Jobs (2018), 37 à 60 % des emplois rémunérés seraient en effet des « jobs à la c*n » qui n’apportent pas « une contribution significative au monde » selon les salariés qui les exercent.
Le Dr François Baumann, spécialiste des maladies liées au travail, définit le brown-out comme une « baisse de courant » et une incompréhension croissante du monde du travail chez certains salariés. Cette condition est causée par une perte de sens au travail, ce qui engendre chez ces individus un sentiment d’inutilité professionnelle. En d’autres termes, le brown-out est décrit comme une « maladie du désengagement au travail ».
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II- Les causes de l’épuisement professionnel
Les risques psychosociaux (RPS) sont les facteurs favorisant l’apparition d’un épuisement professionnel, mais ce ne sont pas les seuls. L’entreprise a donc un rôle à jouer pour protéger la santé de ses salariés et prévenir les risques. Nous retrouvons également les caractéristiques liées à l’individu.
A. Les exigences au travail
L’entreprise joue un rôle important dans l’apparition d’un état d’épuisement professionnel. En effet, un surmenage constant, des délais irréalistes, des horaires excessifs, et des objectifs mal définis peuvent entraîner un fort niveau de stress et une pression écrasante sur les professionnels, les conduisant à un épuisement physique et mental.
La charge de travail est incluse dans cette catégorie de facteurs.
La charge de travail comprend la charge de travail réelle qui rend compte du travail concret, mais aussi la charge de travail subjective qui dépend du vécu du travail de chacun. Ces exigences, si elles sont trop élevées, peuvent avoir un impact important sur la santé mentale et physique de l’individu. Il est donc important que l’entreprise prête attention aux exigences demandées à ses salariés pour limiter leur niveau de stress dans leur vie professionnelle.
B. Le manque d’autonomie
Lorsque les employés n’ont pas suffisamment de latitude pour décider de leurs tâches et de leurs méthodes de travail dans leur activité professionnelle, cela peut entraîner un sentiment de dévalorisation et de perte de contrôle, contribuant ainsi à l’épuisement professionnel. À l’inverse, il ne faut pas pour autant laisser les collaborateurs se débrouiller seuls ou leur donner des objectifs flous, ce qui peut aussi causer un épuisement professionnel.
C. L’absence de reconnaissance
Le manque de reconnaissance pour les efforts fournis et les résultats obtenus peut susciter un sentiment d’inutilité chez les collaborateurs et les amener à s’épuiser émotionnellement. Le niveau de rémunération est un signe fort de la reconnaissance qui est accordée au travail d’un collaborateur, mais ce n’est pas suffisant. Il faut également lui témoigner que ses efforts sont perçus, il est alors nécessaire d’exprimer son appréciation pour un travail bien fait.
D. Les relations de travail difficiles
Des conflits avec les collègues ou une mauvaise communication avec la hiérarchie peuvent entraîner un climat de travail toxique. Ces problèmes peuvent favoriser l’apparition de l’épuisement professionnel et de troubles liés comme la dépersonnalisation…. De plus, le sentiment d’appartenance à un groupe est nécessaire à la santé mentale et au bien-être de chaque individu. Le manque du sentiment d’appartenance chez un collaborateur peut participer à dégrader le climat social de l’environnement de travail.
E. Les exigences émotionnelles
Certaines professions exigent que les travailleurs gèrent des émotions difficiles dans leur vie professionnelle, ce qui peut être épuisant sur le plan émotionnel et ces individus encourent un risque plus élevé de faire un burn-out. En effet, certaines relations avec le public peuvent s’avérer émotionnellement exigeantes pour le collaborateur :
- Contacts difficiles avec le public (clients venant faire valoir leur mécontentement, personnes en détresse venant chercher une aide en dernier recours, etc.) ;
- Violences verbales (propos désagréables, insultants, humiliants, etc.) ou physiques ;
- Le fait d’afficher vis-à-vis du public des émotions en contradiction avec son ressenti (devoir sourire à un client qui suscite un certain énervement, par exemple).
F. L’insécurité de la situation de travail
La peur de perdre son emploi ou les incertitudes concernant l’avenir professionnel peuvent contribuer à générer un niveau de stress élevé menant à l’épuisement professionnel.
En plus de toutes ces causes, les études démontrent que les traits de la personnalité peuvent jouer un rôle dans l’apparition de l’épuisement professionnel.
G. Les caractéristiques liées à l’individu
On observe notamment un lien entre le syndrome d’épuisement professionnel et l’instabilité émotionnelle, qui se manifeste par une tendance à percevoir, construire et ressentir la réalité et les événements comme menaçants, pénibles et problématiques. Nous pouvons aussi citer le lien entre ce syndrome et le caractère consciencieux, marqué par des traits tels que la méthodologie, l’organisation, le souci du détail et la persévérance. Toutefois, il est essentiel de souligner que cela n’atténue en aucune manière l’influence des facteurs liés au travail dans l’émergence du burn-out.
III- Les symptômes de l’épuisement professionnel
Les symptômes de l’épuisement professionnel se manifestent généralement de manière progressive et peuvent varier d’un individu à l’autre. Il peut entraîner des symptômes physiques et mentaux.
- Épuisement physique et mental : fatigue persistante, maux de tête, troubles du sommeil et perte d’énergie peuvent être les signes d’un épuisement professionnel.
- Détachement émotionnel : les travailleurs épuisés qui présentent des symptômes d’épuisement professionnel semblent détachés de leur travail, de leurs collègues et de leur environnement professionnel en général.
- Baisse de la performance : l’épuisement professionnel peut entraîner une baisse de la productivité, des erreurs fréquentes et une moindre efficacité dans l’accomplissement des tâches durant l’exercice de son activité professionnelle.
Si une personne de votre entourage semble présenter ces symptômes, il peut être intéressant de lui proposer d’aborder le sujet avec son médecin pour une prise en charge avec un traitement approprié.
L’épuisement professionnel est un problème sérieux qui peut entraîner des conséquences néfastes pour les employés et les entreprises. Comprendre les causes et reconnaître les symptômes d’un épuisement professionnel est essentiel pour mettre en place des mesures de prévention pour limiter les risques et des mesures de soutien appropriées. Chaque entreprise a un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation à ce problème et dans la mise en place de politiques qui favorisent un environnement de travail sain et équilibré pour tous les professionnels. En investissant dans la prévention de l’épuisement professionnel, les entreprises peuvent non seulement améliorer le bien-être de leurs employés, protéger leur santé, mais aussi accroître leur productivité et leur satisfaction au travail.
